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福爾圖妮Fortunée

2023-03-20 20:49瑪麗·凱瑟琳娜·德奧努瓦/著楊宇/譯
譯道 2023年4期
關鍵詞:牧羊女卷心菜王后

瑪麗·凱瑟琳娜·德奧努瓦/著 楊宇/譯

Il était une fois un pauvre laboureur, qui se voyant sur le point de mourir, ne voulut laisser dans sa succession aucun sujet de dispute à son fils et à sa fille quil aimait tendrement. ? Votre mère mapporta, leur dit-il, pour dot, deux escabelles et une paillasse. Les voilà avec ma poule, un pot d?illets, et un jonc dargent qui me fut donné par une grande dame qui séjourna dans ma pauvre chaumière; elle me dit en partant: ? Mon bon homme, voilà un don que je vous fais; soyez soigneux de bien arroser les ?illets, et de bien serrer la bague. Au reste, votre fille sera dune incomparable beauté, nommez-la Fortunée, donnez-lui la bague et les ?illets, pour la consoler de sa pauvreté ?; ainsi, ajouta le bon homme, ma Fortunée, tu auras lun et lautre, le reste sera pour ton frère. ?

Les deux enfants du laboureur parurent contents: il mourut. Ils pleurèrent, et les partages se firent sans procès. Fortunée croyait que son frère laimait; mais ayant voulu prendre une des escabelles pour sasseoir: ? Garde tes ?illets et ta bague, lui dit-il, dun air farouche, et pour mes escabelles ne les dérange point, jaime lordre dans ma maison. ? Fortunée qui était très douce, se mit à pleurer sans bruit; elle demeura debout, pendant que Bedou (cest le nom de son frère) était mieux assis quun docteur.

Lheure de souper vint, Bedou avait un excellent ?uf frais de son unique poule, il en jeta la coquille à sa s?ur. ?Tiens, lui dit-il, je nai pas autre chose à te donner; si tu ne ten accommodes point, va à la chasse aux grenouilles, il y en a dans le marais prochain. ? Fortunée ne répliqua rien. Quaurait-elle répliqué ? Elle leva les yeux au ciel, elle pleura encore, et puis elle entra dans sa chambre. Elle la trouva toute parfumée, et ne doutant point que ce ne f?t lodeur de ses ?illets, elle sen approcha tristement, et leur dit: ? Beaux ?illets, dont la variété me fait un extrême plaisir à voir, vous qui fortifiez mon c?ur affligé, par ce doux parfum que vous répandez, ne craignez point que je vous laisse manquer deau, et que dune main cruelle, je vous arrache de votre tige; jaurai soin de vous, puisque vous êtes mon unique bien. ? En achevant ces mots, elle regarda sils avaient besoin dêtre arrosés; ils étaient fort secs. Elle prit sa cruche, et courut au clair de la lune jusquà la fontaine, qui était assez loin.

Comme elle avait marché vite, elle sassit au bord pour se reposer; mais elle y fut à peine, quelle vit venir une dame, dont lair majestueux répondit bien à la nombreuse suite qui laccompagnait; six filles dhonneur soutenaient la queue de son manteau; elle sappuyait sur deux autres; ses gardes marchaient devant elle, richement vêtus de velours amarante, en broderie de perles: on portait un fauteuil de drap dor, où elle sassit, et un dais de campagne, qui fut bient?t tendu; en même temps on dressa le buffet, il était tout couvert de vaisselle dor et de vases de cristal. On lui servit un excellent souper au bord de la fontaine, dont le doux murmure semblait saccorder à plusieurs voix, qui chantaient ces paroles:

Nos bois sont agités des plus tendres zéphirs,

Flore brille sur ces rivages;

Sous ces sombres feuillages

Les oiseaux enchantés expriment leurs désirs.

Occupez-vous à les entendre;

Et si votre c?ur veut aimer,

Il est de doux objets qui peuvent vous charmer:

On fera gloire de se rendre.

Fortunée se tenait dans un petit coin, nosant remuer, tant elle était surprise de toutes les choses qui se passaient. Au bout dun moment, cette grande reine dit à lun de ses écuyers: ? Il me semble que japer?ois une bergère vers ce buisson, faites-la approcher. ? Aussit?t Fortunée savan?a, et quelque timide quelle f?t naturellement, elle ne laissa pas de faire une profonde révérence à la reine, avec tant de gr?ce, que ceux qui la virent en demeurèrent étonnés; elle prit le bas de sa robe quelle baisa, puis elle se tint debout devant elle, baissant les yeux modestement; ses joues sétaient couvertes dun incarnat qui relevait la blancheur de son teint, et il était aisé de remarquer dans ses manières cet air de simplicité et de douceur, qui charme dans les jeunes personnes.

? Que faites-vous ici, la belle fille, lui dit la reine, ne craignez-vous point les voleurs ?

— Hélas ! madame, dit Fortunée, je nai quun habit de toile, que gagneraient-ils avec une pauvre bergère comme moi ?

— Vous nêtes donc pas riche ? reprit la reine en souriant.

— Je suis si pauvre, dit Fortunée, que je nai hérité de mon père quun pot d?illets et un jonc dargent.

— Mais vous avez un c?ur, ajouta la reine, si quelquun voulait vous le prendre, voudriez-vous le donner ?

— Je ne sais ce que cest que de donner mon c?ur, madame, répondit-elle, jai toujours entendu dire que sans son c?ur on ne peut vivre, que lorsquil est blessé il faut mourir, et malgré ma pauvreté, je ne suis point f?chée de vivre.

— Vous aurez toujours raison, la belle fille, de défendre votre c?ur. Mais, dites-moi, continua la reine, avez-vous bien soupé ?

— Non, madame, dit Fortunée, mon frère a tout mangé.?

La reine commanda quon lui apport?t un couvert, et la faisant mettre à table, elle lui servit ce quil y avait de meilleur. La jeune bergère était si surprise dadmiration, et si charmée des bontés de la reine, quelle pouvait à peine manger un morceau.

? Je voudrais bien savoir, lui dit la reine, ce que vous venez faire si tard à la fontaine ?

— Madame, dit-elle, voilà ma cruche, je venais quérir de leau pour arroser mes ?illets. ?

En parlant ainsi, elle se baissa pour prendre sa cruche qui était auprès delle; mais lorsquelle la montra à la reine, elle fut bien étonnée de la trouver dor, toute couverte de gros diamants, et remplie dune eau qui sentait admirablement bon. Elle nosait lemporter, craignant quelle ne f?t pas à elle. ? Je vous la donne, Fortunée, dit la reine; allez arroser les fleurs dont vous prenez soin, et souvenez-vous que la reine des Bois veut être de vos amies. ? A ces mots, la bergère se jeta à ses pieds.

? Après vous avoir rendu de très humbles gr?ces, madame, lui dit-elle, de lhonneur que vous me faites, jose prendre la liberté de vous prier dattendre ici un moment, je vais vous quérir la moitié de mon bien, cest mon pot d?illets, qui ne peut jamais être en de meilleures mains que les v?tres.

—Allez, Fortunée, lui dit la reine, en lui touchant doucement les joues, je consens de rester ici jusquà ce que vous reveniez. ? Fortunée prit sa cruche dor, et courut dans sa petite chambre; mais pendant quelle en avait été absente, son frère Bedou y était entré, il avait pris le pot d?illets, et mis à la place un grand chou. Quand Fortunée aper?ut ce malheureux chou, elle tomba dans la dernière affliction, et demeura fort irrésolue si elle retournerait à la fontaine. Enfin elle sy détermina, et se mettant à genoux devant la reine: ? Madame, lui dit-elle, Bedou ma volé mon pot d?illets, il ne me reste que mon jonc; je vous supplie de le recevoir comme une preuve de ma reconnaissance.

—Si je prends votre jonc, belle bergère, dit la reine, vous voilà ruinée ?

—Ha ! madame, dit-elle, avec un air tout spirituel, si je possède vos bonnes gr?ces, je ne puis me ruiner. ?

La reine prit le jonc de Fortunée, et le mit à son doigt; aussit?t elle monta dans un char de corail, enrichi démeraudes, tiré par six chevaux blancs, plus beaux que lattelage du soleil. Fortunée la suivit des yeux, tant quelle put; enfin les différentes routes de la forêt la dérobèrent à sa vue. Elle retourna chez Bedou, toute remplie de cette aventure. La première chose quelle fit en entrant dans la chambre, ce fut de jeter le chou par la fenêtre. Mais elle fut bien étonnée dentendre une voix, qui criait: ? Ha ! je suis mort. ? Elle ne comprit rien à ces plaintes, car ordinairement les choux ne parlent pas. Dès quil fut jour, Fortunée, inquiète de son pot d?illets, descendit en bas pour laller chercher; et la première chose quelle trouva, ce fut le malheureux chou; elle lui donna un coup de pied, et disant:

? Que fais-tu ici, toi qui te mêles de tenir dans ma chambre la place de mes ?illets ?

— Si lon ne my avait pas porté, répondit le chou, je ne me serais pas avisé de ma tête dy aller. ? Elle frissonna, car elle avait grandpeur; mais le chou lui dit encore: ? Si vous voulez me reporter avec mes camarades, je vous dirai en deux mots que vos ?illets sont dans la paillasse de Bedou. ?

Fortunée, au désespoir, ne savait comment les reprendre; elle eut la bonté de planter le chou, et ensuite elle prit la poule favorite de son frère, et lui dit:

? Méchante bête, je vais te faire payer tous les chagrins que Bedou me donne.

—Ha! bergère, dit la poule, laissez-moi vivre, et comme mon humeur est de caqueter, je vais vous apprendre des choses surprenantes.Ne croyez pas être fille du laboureur chez qui vous avez été nourrie; non, belle Fortunée, il nest point votre père; mais la reine qui vous donna le jour, avait déjà eu six filles; et comme si elle e?t été la ma?tresse davoir un gar?on, son mari et son beau-père lui dirent quils la poignarderaient, à moins quelle ne leur donn?t un héritier.

La pauvre reine affligée devint grosse; on lenferma dans un ch?teau, et lon mit auprès delle des gardes, ou pour mieux dire, des bourreaux, qui avaient ordre de la tuer, si elle avait encore une fille. Cette princesse alarmée du malheur qui la mena?ait, ne mangeait et ne dormait plus; elle avait une s?ur qui était fée; elle lui écrivit ses justes craintes; la fée étant grosse, savait bien quelle aurait un fils. Lorsquelle fut accouchée, elle chargea les zéphirs dune corbeille, où elle enferma son fils bien proprement, et elle leur donna ordre quils portassent le petit prince dans la chambre de la reine, afin de le changer contre la fille quelle aurait: cette prévoyance ne servit de rien, parce que la reine ne recevant aucune nouvelle de sa s?ur la fée, profita de la bonne volonté dun de ses gardes, qui en eut pitié, et qui la sauva avec une échelle de cordes.

Dès que vous f?tes venue au monde, la reine affligée cherchant à se cacher, arriva dans cette maisonnette, demi-morte de lassitude et de douleur; jétais laboureuse, dit la poule, et bonne nourrice, elle me chargea de vous, et me raconta ses malheurs, dont elle se trouva si accablée, quelle mourut sans avoir le temps de nous ordonner ce que nous ferions de vous.

Comme jai aimé toute ma vie à causer, je nai pu mempêcher de dire cette aventure; de sorte quun jour il vint ici une belle dame, à laquelle je contai tout ce que jen savais. Aussit?t, elle me toucha dune baguette, et je devins poule, sans pouvoir parler davantage: mon affliction fut extrême et mon mari qui était absent dans le moment de cette métamorphose, nen a jamais mais rien su.

A son retour, il me chercha partout; enfin il crut que jétais noyée, ou que les bêtes des forêts mavaient dévorée. Cette même dame qui mavait fait tant de mal, passa une seconde fois par ici; elle lui ordonna de vous appeler Fortunée, et lui fit présent dun jonc dargent et dun pot d?illets; mais comme elle était céans, il arriva vingt-cinq gardes du roi votre père, qui vous cherchaient avec de mauvaises intentions: elle dit quelques paroles, et les fit venir des choux verts, du nombre desquels est celui que vous jet?tes hier au soir par votre fenêtre. Je ne lavais point entendu parler jusquà présent, je ne pouvais parler moi-même, jignore comment la voix nous est revenue. ? La princesse demeura bien surprise des merveilles que la poule venait de lui raconter; elle était encore pleine de bonté, et lui dit:

?Vous me faites grandpitié, ma pauvre nourrice, dêtre devenue poule, je voudrais fort vous rendre votre première figure, si je le pouvais; mais ne désespérons de rien, il me semble que toutes les choses que vous venez de mapprendre, ne peuvent demeurer dans la même situation. Je vais chercher mes ?illets, car je les aime uniquement. ?

Bedou était allé au bois, ne pouvant imaginer que Fortunée savis?t de fouiller dans sa paillasse; elle fut ravie de son éloignement, et se flatta quelle ne trouverait aucune résistance, lorsquelle vit tout dun coup une grande quantité de rats prodigieux, armés en guerre: ils se rangèrent par bataillons, ayant derrière eux la fameuse paillasse et les escabelles aux c?tés; plusieurs grosses souris formaient le corps de réserve, résolues de combattre comme des amazones.

Fortunée demeura bien surprise; elle nosait sapprocher, car les rats se jetaient sur elle, la mordaient et la mettaient en sang. ? Quoi ! sécria-t-elle, mon ?illet, mon cher ?illet, resterez-vous en si mauvaise compagnie?? Elle savisa tout dun coup, que peut-être cette eau si parfumée quelle avait dans un vase dor, aurait une vertu particulière; elle courut la quérir; elle en jeta quelques gouttes sur le peuple souriquois; en même temps la racaille se sauva chacun dans son trou et la princesse prit promptement ses beaux ?illets, qui étaient sur le point de mourir, tant ils avaient besoin dêtre arrosés; elle versa dessus toute leau qui était dans son vase dor, et elle les sentait avec beaucoup de plaisir, lorsquelle entendit une voix fort douce qui sortait dentre les branches, et qui lui dit:

?Incomparable Fortunée, voici le jour heureux et tant désiré de vous déclarer mes sentiments; sachez que le pouvoir de votre beauté est tel, quil peut rendre sensible jusquaux fleurs. ? La princesse, tremblante et surprise davoir entendu parler un chou, une poule, un ?illet, et davoir vu une armée de rats, devint p?le et sévanouit. Bedou arriva là-dessus: le travail et le soleil lui avaient échauffé la tête; quand il vit que Fortunée était venue chercher ses ?illets, et quelle les avait trouvés, il la tra?na jusquà sa porte, et la mit dehors. Elle eut à peine senti la fra?cheur de la terre, quelle ouvrit ses beaux yeux; elle aper?ut auprès delle la reine des Bois, toujours charmante et magnifique.

?Vous avez un mauvais frère, dit-elle à Fortunée, jai vu avec quelle inhumanité il vous a jetée ici; voulez-vous que je vous venge ?

—Non, madame, lui dit-elle, je ne suis point capable de me f?cher, et son mauvais naturel ne peut changer le mien.

—Mais, ajouta la reine, jai un pressentiment qui massure que ce gros laboureur nest pas votre frère; quen pensez-vous ?

—Toutes les apparences me persuadent quil lest, madame, répliqua modestement la bergère, et je dois les en croire.

—Quoi ! continua la reine, navez-vous pas entendu dire que vous êtes née princesse ?

—On me la dit depuis peu, répondit-elle, cependant oserais-je me vanter dune chose dont je nai aucune preuve ?

—Ha, ma chère enfant, ajouta la reine, que je vous aime de cette humeur ! je connais à présent que léducation obscure que vous avez re?ue na point étouffé la noblesse de votre sang. Oui, vous êtes princesse, et il na pas tenu à moi de vous garantir des disgr?ces que vous avez éprouvées jusquà cette heure. ?

Elle fut interrompue en cet endroit par larrivée dun jeune adolescent plus beau que le jour; il était habillé dune longue veste mêlée dor et de soie verte, rattachée par de grandes boutonnières démeraudes, de rubis et de diamants; il avait une couronne d?illets, ses cheveux couvraient ses épaules. Aussit?t quil vit la reine, il mit un genou en terre, et la salua respectueusement. ? Ha ! mon fils, mon aimable ?illet, lui dit-elle, le temps fatal de votre enchantement vient de finir, par le secours de la belle Fortunée: quelle joie de vous voir ! ? Elle le serra étroitement entre ses bras; et se tournant ensuite vers la bergère: ? Charmante princesse, lui dit-elle, je sais tout ce que la poule vous a raconté: mais ce que vous ne savez point, cest que les zéphirs que javais chargés de mettre mon fils à votre place, le portèrent dans un parterre de fleurs. Pendant quils allaient chercher votre mère qui était ma s?ur, une fée qui nignorait rien des choses les plus secrètes, et avec laquelle je suis brouillée depuis longtemps, épia si bien le moment quelle avait prévu dès la naissance de mon fils, quelle le changea sur-le-champ en ?illet, et malgré ma science, je ne pus empêcher ce malheur. Dans le chagrin où jétais réduite, jemployai tout mon art pour chercher quelque remède, et je nen trouvai point de plus assuré que dapporter le prince ?illet dans le lieu où vous étiez nourrie, devinant que lorsque vous auriez arrosé les fleurs de leau délicieuse que javais dans un vase dor, il parlerait, il vous aimerait, et quà lavenir rien ne troublerait votre repos; javais même le jonc dargent quil fallait que je re?usse de votre main, nignorant pas que ce serait la marque à quoi je conna?trais que lheure approchait où le charme perdait sa force, malgré les rats et les souris que notre ennemie devait mettre en campagne, pour vous empêcher de toucher aux ?illets. Ainsi, ma chère Fortunée, si mon fils vous épouse avec ce jonc, votre félicité sera permanente: voyez à présent si ce prince vous para?t assez aimable pour le recevoir pour époux.

—Madame, répliqua-t-elle en rougissant, vous me comblez de gr?ces, je connais que vous êtes ma tante; que par votre savoir, les gardes envoyés pour me tuer, ont été métamorphosés en choux, et ma nourrice en poule; quen me proposant lalliance du prince ?illet, cest le plus grand honneur où je puisse prétendre. Mais, vous dirai-je mon incertitude ? Je ne connais point son c?ur, et je commence à sentir pour la première fois de ma vie que je ne pourrais être contente sil ne maimait pas.

—Nayez point dincertitude là-dessus, belle princesse, lui dit le prince, il y a longtemps que vous avez fait en moi toute limpression que vous y voulez faire à présent, et si lusage de la voix mavait été permis, que nauriez-vous pas entendu tous les jours des progrès dune passion qui me consumait ? mais je suis un prince malheureux, pour lequel vous ne ressentez que de lindifférence. ?

Il lui dit ensuite ces vers:

Tandis que dun ?illet jai gardé la figure,

Vous me donniez vos tendres soins:

Vous veniez quelquefois admirer sans témoins,

De mes brillantes fleurs la bizarre Peinture.

Pour vous je répandais mes parfums les plus doux,

Jaffectais à vos yeux une beauté nouvelle;

Et lorsque jétais loin de vous,

Une sécheresse mortelle

Ne vous prouvait que trop, quen secret consumé,

Je languissais toujours dans lattente cruelle

De lobjet qui mavait charmé.

A mes douleurs vous étiez favorable,

Et votre belle main,

Dune eau pure arrosait mon sein,

Et quelquefois votre bouche adorable,

Me donnait des baisers, hélas ! pleins de douceurs.

Pour mieux jouir de mon bonheur,

Et vous prouver mes feux et ma reconnaissance,

Je souhaitais, en un si doux moment,

Que quelque magique puissance,

Me f?t sortir dun triste enchantement.

Mes v?ux sont exaucés, je vous vois, je vous aime;

Je puis vous dire mon tourment:

Mais par malheur pour moi, vous nêtes plus la même.

Quels v?ux ai-je formés ! justes dieux, quai-je fait !

La princesse parut fort contente de la galanterie du prince; elle loua beaucoup cet impromptu, et quoiquelle ne f?t pas accoutumée à entendre des vers, elle en parla en personne de bon go?t. La reine, qui ne la souffrait vêtue en bergère quavec impatience, la toucha, lui souhaitant les plus riches habits qui se fussent jamais vus; en même temps sa toile blanche se changea en brocart dargent, brodé descarboucles; de sa coiffure élevée, tombait un long voile de gaze mêlé dor; ses cheveux noirs étaient ornés de mille diamants; et son teint, dont la blancheur éblouissait, prit des couleurs si vives, que le prince pouvait à peine en soutenir léclat.

?Ha ! Fortunée, que vous êtes belle et charmante ! sécria-t-il en soupirant; serez-vous inexorable à mes peines ?

—Non, mon fils, dit la reine, votre cousine ne résistera point à nos prières. ?

Dans le temps quelle parlait ainsi, Bedou qui retournait à son travail, passa, et voyant Fortunée comme une déesse, il crut rêver; elle lappela avec beaucoup de bonté, et pria la reine davoir pitié de lui.

?Quoi ! après vous avoir si maltraitée ! dit-elle.

—Ha ! madame, répliqua la princesse, je suis incapable de me venger. ?

La reine lembrassa, et loua la générosité de ses sentiments. ? Pour vous contenter, ajouta-t-elle, je vais enrichir lingrat Bedou ?; sa chaumière devint un palais meublé et plein dargent; ses escabelles ne changèrent point de forme, non plus que sa paillasse, pour le faire souvenir de son premier état, mais la reine des Bois lima son esprit; elle lui donna de la politesse, elle changea sa figure. Bedou alors se trouva capable de reconnaissance. Que ne dit-il pas à la reine et à la princesse pour leur témoigner la sienne dans cette occasion.

Ensuite par un coup de baguette, les choux devinrent des hommes, la poule une femme; le prince ?illet était seul mécontent; il soupirait auprès de sa princesse; il la conjurait de prendre une résolution en sa faveur: enfin elle y consentit; elle navait rien vu daimable, et tout ce qui était aimable, létait moins que ce jeune prince. La reine des Bois, ravie dun si heureux mariage, ne négligea rien pour que tout y f?t somptueux; cette fête dura plusieurs années, et le bonheur de ces tendres époux dura autant que leur vie.

從前,有一位老農夫深感自己會不久于人世,他不希望自己深愛的兒子和女兒因遺產繼承問題而起爭端。他對兒女們說:“這兩個矮凳和一床草褥是你們母親帶來的嫁妝,這是我養的母雞,那個郁金香罐和銀鐲子是曾借宿在這間簡陋小屋的女士所贈的,她在送我這些東西的時候曾說:‘好心人,這些是我贈送給您的物品,請好好地澆灌郁金香,收好這個鐲子。哦對了,您的女兒將出落得傾國傾城,給她取名福爾圖妮吧,把這個鐲子和這些郁金香送給她,讓她不再為貧窮而感到痛苦。所以,我的福爾圖妮,鐲子和花這兩樣東西都留給你,剩下的留給你哥哥?!?/p>

農夫去世了,兒女們坦然地接受了父親的離世,為父親哀悼,在遺物的分配上也沒起什么爭執。福爾圖妮心想哥哥是疼愛她的,所以她打算向哥哥要一個矮凳來坐。但是她的哥哥卻表現出一副粗暴的樣子,并對她說:“拿好你的郁金香和手鐲吧,就別碰我的矮凳了,我希望我的房間保持原有的整潔?!备枅D妮是個柔弱的女孩,她只能默默哭泣。她一直站著,而她的哥哥貝多則氣定神閑地坐著,活像一位醫生大老爺。

晚飯時間到了,貝多從父親留下的僅有的母雞那里得到了一顆新鮮的雞蛋。他把蛋殼扔給了他的妹妹?!澳弥?,他對她說:“我沒有別的東西可以給你吃,如果你不能將就的話,那就去抓青蛙吃吧,附近的沼澤地里就有很多?!备枅D妮沒有爭辯。她還能說什么?她抬頭看天空,淚水又流下來了,隨后進了自己房間。她在房間里聞到陣陣芳香,毫無疑問這是郁金香散發出來的,她傷心地湊近郁金香,對這些花說;“美麗的郁金香,看到你們我很開心,你所散發出的甜美的清香讓我受傷的心靈變得堅強,你們從不擔心我不給你們澆水,也不害怕我會殘酷地拔掉你們的莖。你們是我的唯一,我一定要好好地照顧你們?!闭f完,她發現這些花兒急需灌溉,它們非常干涸。于是她拿起水罐,在月光下跑到了一個離她家很遠的噴泉旁邊。

她走得太快了,所以她先坐在噴泉旁邊休息一下。剛坐下,她看到一位被眾多隨從簇擁著、莊嚴華麗的女士朝她走了過來。六位宮女提著這位女士的衣擺,另外兩位攙扶著她;身穿鑲珍珠莧紅色絲絨的侍衛們走在她的前面,抬著一把供這位女士坐下的金色呢絨椅子和一頂輕型華蓋;不一會華蓋被撐開,同時,冷餐臺被擺出來了,上面放著金盤子和水晶器皿。他們為福爾圖妮在噴泉旁邊準備了一場豐富的晚餐,幾種不同的聲音在溫柔地嘀咕著,像是在吟唱這些語句:

微風輕拂,綠波蕩漾,

岸邊綠植閃閃發亮。

在斑駁的光影下,

鳥兒一展歌喉,訴說著它的渴望。

請用心傾聽,

如果你的心中充滿愛意,

世界到處充滿溫柔,散發魅力:

向美好的事物膜拜是光榮的。

福爾圖妮躲在一個小角落里,一動不動,她驚訝于眼前所發生的一切。最后,這位女王對她的一位侍從說:“我好像看見樹叢邊有一位牧羊女,讓她離我們近一點?!备枅D妮往前移步,害羞得甚至忘記向女王深深鞠一躬來行禮,她一直驚訝地看著這位女王。她輕輕彎腰提起她的裙擺,站在女王面前,雙眼低垂,面色白里透紅,她的舉止透露出一股單純和溫柔,這讓年輕侍從們嘖嘖稱贊。

“美麗的女孩,你在這里做什么?你不怕小偷嗎?”

“啊,女王,我只有一件粗布衣,對于我這樣一個貧窮的牧羊女,他們還能從我身上得到什么呢?”

“你難道不富有嗎?”女王笑著回答。

“我真的非常貧窮,除了一盆郁金香和一個銀鐲子,我沒有從我的父親那里繼承其他任何東西?!?/p>

“但是你有一顆心,如果有人想拿走你這顆心,你會愿意給他嗎?”

“女士,我不太清楚您所說的獻出心是什么意思,我聽說一個人沒有了心便不能夠活下去,當心流血的時候,心就死了,盡管我很貧窮,但是我想活著?!?/p>

“你說的很對,你當然應該守護好心靈。告訴我,你吃晚飯了嗎?”

“沒有,女士,我的哥哥把晚餐都吃光了?!?/p>

女王命人給她添置了一副餐具,讓她坐在桌子旁邊,用最好的食物招待她。這位年輕的牧羊女受寵若驚,被女王的仁慈所感動,但是她只吃了一小口。

“我想知道,這么晚了你為什么來噴泉旁邊?”女王問。

“夫人,這是我的水罐,我來找一些水澆灌郁金香”她回答。

正說著,她俯身去拿放在她后面的水罐,但是正當她想要給女王看她的水罐時,她驚訝地發現罐子變成了鑲著大顆寶石的金罐子,而且里面已裝滿甘泉。她不敢拿這個罐子,因為她害怕這些東西不屬于她?!拔野堰@個金罐子送你了,去澆灌你的郁金香吧,好好照顧那些花兒,記住森林女王愿意和你做朋友”女王說。聽到這些話,牧羊女撲倒在她的腳下。

“女士,您給了我如此高的禮遇,我斗膽請您等我一會,我去取我一半的財產,就是那盆郁金香,當然跟您所給予的相比這盆郁金香是那么的微不足道?!?/p>

“去吧,福爾圖妮,我會待在這里一直到你回來”女王輕輕地撫摸了一下她的臉回答道。福爾圖妮拿起金罐子,跑回了家。然而在她不在的這段時間,她的哥哥貝多偷偷地溜進了她的房間將那盆郁金香偷走了,并且在原來的位置上留下了一大顆卷心菜。當福爾圖妮看到這顆糟糕的卷心菜的時候,她陷入了深深的痛苦之中,并且開始猶豫要不要回到噴泉旁邊。最終還是選擇回去,她跪在女王的腳下:“女王,貝多偷走了我那盆郁金香,現在我只剩下銀手鐲了,作為謝禮,我懇請您收下它?!?/p>

女王回答:“如果我收下了你的鐲子,美麗的牧羊女,你不就一無所有了嗎?”

她鄭重地回答道:“啊,女王陛下,我擁有了您的善意,我并非一無所有?!?/p>

女王收下了福爾圖妮的手鐲,將它戴在自己手上,隨后她登上了一架馬車,這駕馬車由六匹白馬牽引著,鑲著綠寶石的珊瑚,甚至比太陽王阿波羅的馬車還要漂亮。福爾圖妮目送著這架馬車到了她目光所不能及之處,最終消失在森林里交錯的道路盡頭。她回到家,剛才發生的一切都是那么突然。進了房間里她就把卷心菜從窗外扔出去,但是讓她震驚的是突然聽到一聲尖叫:“啊,我死了?!彼龑@句抱怨感到不解,因為按理來說卷心菜是不會說話的。第二天,福爾圖妮還是很擔心她的郁金香,所以她下樓去尋找。她找到的第一個東西是那個令人討厭的卷心菜,她踩了卷心菜一腳,說道:

“你在這做什么呢?你居然想要取代我的郁金香?”

卷心菜回答道:“我是被人放到這兒的,我自己可沒想過要來?!彼煮@又怕,但是卷心菜又對她說道:“如果你能把我送回我的同類那里,我就告訴你一個秘密:你的郁金香在貝多的草墊上?!?/p>

絕望的福爾圖妮不知道如何去做,善良的她把卷心菜種到了地里,然后抓住了她哥哥最愛的母雞,對它說:

“壞家伙,我要讓你為貝多給我帶來的所有痛苦付出代價?!?/p>

母雞說道:“啊,牧羊女,請放我一條生路吧,生性愛嘮嗑的我要告訴你一些讓人震驚的事情。不管你信或者不信,其實你不是養育你這戶人家的女兒,美麗的福爾圖妮,農夫也不是你的親生父親,是女王給予了你生命,她在此之前已經生了六個女兒,如果下一次她仍然沒有生下一名男嬰,她的丈夫和公公就要以她沒有誕下繼承人為由而殺了她。

痛苦而可憐的王后懷孕后被關在一座城堡里,她的身邊有侍衛看守,更確切地說是一群劊子手。如果王后誕下的還是女兒的話,劊子手就會把她殺掉。面對巨大的威脅,王后寢食難安。王后有一位仙女妹妹,她寫信向她的妹妹表達了自己的擔憂。當時,王后的妹妹恰好也懷孕了,而且可以確定的是男孩。于是王后的妹妹一分娩,就立馬將她的兒子放進一個籠子里,派風信者們將其送至王后的房間,目的是用自己的兒子替換王后即將要出生的女兒。但是由于王后被監禁,收不到來自任何關于仙女妹妹的消息,所以這一計謀并沒有起作用,反而是有一位好心的侍衛出于自己的惻隱之心,可憐王后的遭遇,于是用繩梯解救了她。

生下你之后,歷經折磨的王后東躲西藏,隨后來到了這個小木屋,由于疲憊和痛苦,她幾乎瀕死。我本是農婦,做奶媽正合適,所以她就將你托付給我,并且向我訴說了那些讓她難以忍受的不幸遭遇,說完她便去世了,甚至都沒來得及安排我們接下去該如何養育你。

我這一輩子愛嚼舌根,所以我沒管住嘴,還是將這段經歷說了出來。那天家里來了一位美麗的女士,我沒忍住把我知道的一一說與她聽,隨即,她用一根小木棒對著我輕輕一點,我就變成了一只永遠不能再開口說話的母雞,我懊悔不已。在我遭遇這一巨變的時候恰巧我的丈夫不在家,所以他對這一切一無所知。

他回家后四處尋我無果,最終以為我是被淹死或被森林里的野獸吞食了。后來,那位對我施加了毒魔法的女士又來過家里一次,她給你賜名福爾圖妮并且贈了你一只銀手鐲和一盆郁金香。當時,恰逢她還在我們家的時候,你的父皇派遣了二十五位皇家侍衛來到家里想對你圖謀不軌,她向他們念了一些咒語,把二十五位侍衛變成了二十五顆卷心菜,昨晚你扔出窗外的那一顆便是其中一個。我一直不能開口說話,所以直到現在我才告訴你這一切,其實現在我自己也不知道聲音是怎么突然回到我身上的?!惫鲗δ鸽u跟她訴說的一切感到震驚,她滿懷仁慈地對她說道:

“親愛的奶媽,對于您變成母雞我感到十分抱歉,如果我有能力的話,我很想馬上幫您恢復真身,不過我們不應該灰心,在我看來,您剛剛跟我講述的這些遭遇不會一直繼續下去的。我現在要去找回我的郁金香,因為我只愛它?!?/p>

此時,貝多到林子里去了,他沒料到福爾圖妮會去翻他的草褥。她慶幸他的遠行,因為沒有人會打擾她,但是她突然看到一大批全副武裝的老鼠圍著草褥、矮凳排開陣勢。另外,還有一些作為增援后備隊的大老鼠,像堅定迎戰的希臘戰士一樣。

福爾圖妮吃驚地看著眼前的一切,她不敢靠近,因為這些老鼠會踢她、咬她,讓她流血受傷?!笆裁??我的郁金香,我最珍愛的郁金香,竟然受到你們這般蹂躪?”她大叫起來。忽然她意識到金水罐里散發著香味的甘露也許會有特殊的功用,于是她跑過去取金水罐,灑了幾滴在這群老鼠窩里,頓時這些臟東西四處逃散,躲在老鼠洞里不敢出來。這位公主迅速地奪過美麗但卻干得瀕死的郁金香,然后用金水罐里的水澆灌它們,她能感覺到這些花兒變得愉悅,因為她聽到枝葉之間傳來了一個甜美的聲音:

“無與倫比的福爾圖妮,今天真是幸福的一天,我多想向您表達我的喜悅,您知道嗎?您是如此美麗,就連花兒也要為之一顫?!惫鞲械绞终鸷撑c吃驚,因為她從未聽過卷心菜、母雞和郁金香開口說話,從未見過老鼠組成的軍隊,她面色蒼白,昏厥了過去。正在此時,貝多回來了,戶外的勞作加上大太陽讓他滿頭大汗,他發現福爾圖妮找到了她的郁金香,于是他把她拖到門口扔了出去。福爾圖妮恢復了意識,緩緩睜開雙眼,立刻感覺到地面的冰涼,接著她發現了森林女王,女王還是一如既往的優雅和迷人。

她對福爾圖妮說:“你那個惡毒的哥哥,剛才我看到他無恥地把你扔到這里,你想讓我幫你出氣嗎?”

“不,女士,我并不生氣,他惡毒的天性并不能改變我的內心”福爾圖妮對女王說。

“但是我可以確定的是這個粗鄙惡毒的農夫不是你的親哥哥,你覺得呢?”女王追問道。

“但是他的所作所為能證明他是我的哥哥,我應該相信他”牧羊女謙虛地回答道。

“什么?你難道沒有聽說你生來就是公主嗎?”女王繼續問道。

“雖然有人告訴了我一些故事,但是我怎么敢自己拿子虛烏有的事情去吹噓呢?”她回答。

王后補充說:“啊,親愛的孩子,我懂得你的心情,我知道到目前為止雖然你接受的教育不多,但是你血統里面的高貴并沒有被撲滅。你是位真正的公主,到目前為止你并沒有任何失了風度的地方?!?/p>

話音未落,王后突然被一位年輕男子所打斷,這位男子驚人的帥氣,他身著夾金絲的綠綢長外套,門襟上鑲著綠寶石、紅寶石和鉆石,頭頂一個郁金香花環,頭發散落在兩肩。一見到王后,男子便向王后恭敬地下跪行禮。王后對他說:“啊,我的兒子,我可愛的郁金香,當你救下美麗的福爾圖妮后,你那命中注定受下的魔咒將會結束,見到你是多么地令人開心??!”她雙臂緊緊地抱著他,同時轉向牧羊女:“美麗的牧羊女,我知道母雞告訴你了一切,但是還有一件事或許你并不知道,本該將我兒子送到你身邊的風使者卻先將其放到了花壇里,同時去尋找你的母親,也就是我的姐姐。有一位仙女,她對世界上的事情無所不知無所不曉,我和她不和很久了,她準確地預見我兒子出生的時刻,一出生就把他變成了郁金香,盡管我知道,但我卻無法阻止這種不幸的事情的發生。我悲痛欲絕,使出渾身解數尋找補救辦法,最終發現最可靠的辦法莫過于把郁金香王子帶到你家,我算到當你用金罐子里的甘露澆灌花朵時,他會開口說話并且會愛上你,此后可以過上平靜安穩的生活;我沒有忘記戴上從你手中接過來的銀手鐲,盡管我們的敵人為了阻止你得到郁金香,在田野里放了很多老鼠,但我還是通過這個銀手鐲得知,符咒失去效力的時刻就要來臨。我親愛的福爾圖妮,如果我的兒子娶了你,你將會獲得永恒的幸福,現在來看看你是否鐘意這位王子,并接受他成為你的丈夫?!?/p>

福爾圖妮紅著臉回答道:“夫人,您幫了我這么多忙,我也知道您是我的姨媽,多虧了您用法術把派來殺我的衛兵變成了卷心菜,把我的奶媽變成了母雞。讓我與郁金香王子結為夫妻是我最大的榮幸,但是我的內心是忐忑的,因為我一點都不了解他的心,我有生以來第一次有這種感覺——如果他不愛我的話,我將不會幸福?!?/p>

“不要懷疑我的真心,美麗的公主”王子說:“你為人友善,長久以來我對你的印象不曾改變過。如果我能夠張口說話,你每天都能感受到我那似火的激情,可惜我是個不幸的王子,對你只能表現出冷漠?!?/p>

他為她念了首詩:

當我是一只郁金香的時候,

是你給予了我溫柔的呵護。

你會在無人見證的情況下欣賞那如畫一般的燦爛花朵。

為了你,我散發出最香甜的氣味,

為了你,我總是呈現出我最美好的樣子。

當我遠離你時,

幾乎要干死。

我無法向你表露我的心跡,只能獨自忍受,

我所著迷的東西卻讓我在殘酷的等待中煎熬。

你用美麗的雙手撫平我的傷痛,

用潔凈的水澆灌我的乳房。

有時,你用溫柔的嘴唇給我一個充滿甜蜜的吻,

為了更好地享受我的幸福,

為了更好地表明我的愛和感激,

在這甜蜜的時刻,

我希望會出現某種神奇的力量助我走出悲傷的魔咒,

我的愿望實現了,我看到了你,我愛上了你。

但是現在我卻很痛苦:

因為你已經面目全非,

我發了什么誓?天哪,我做了什么?

公主為王子坦誠的傾訴而感動,盡管她不習慣聽詩歌,但是她很喜歡王子這段告白,因為她覺得這么做很有品位。王后不想再讓她穿牧羊女的衣服,摸了摸她的頭,許愿她能穿上她從未見過的最富麗堂皇的衣服,霎那間,她身上的粗白布變成了帶刺繡的銀錦,她高高的頭飾上掉下了一條長長的金紗,黑發上綴滿了無數的鉆石,她的膚色白得讓人眼花繚亂,但因有色澤而光彩奪目,王子幾乎無法忍受公主耀眼的光芒。

“天啊,福爾圖妮,你是如此美麗又迷人”王子懇求道:“你會對我的痛苦無動于衷嗎?”

王后回答道:“噢,我的兒子,你的表妹是不會拒絕我們的懇求的?!?/p>

此時,正要去干活的貝多從旁邊經過,他看到福爾圖妮像女神一樣,以為自己在做夢,福爾圖妮親切地呼喚他,懇請王后可憐可憐他。

王后說:“什么?他之前是那樣虐待你!”

公主回答道:“女王,我不能復仇?!?/p>

王后緊緊擁抱了她,欣慰于她的寬容?!盀榱瞬蛔屇闶彼终f:“我要讓忘恩負義的貝多也變得富有起來?!彼拿┎菸葑兂闪艘蛔b滿錢財的宮殿,但是凳子和草墊子并沒有改變,這是為了讓他記起自己最初的狀態,隨后森林女王擦亮了他的心靈,她讓他變得禮貌并改變了他的面容。貝多這才發現自己還能心存感激,頓時萬千感謝之辭涌上心頭。

隨后,女王的魔杖一揮舞,卷心菜還原成了侍衛,母雞還原成了奶媽。只有郁金香王子不開心,他嘆息地望著公主,懇求她同意之前的請求:終于,公主答應了。世間一切美好也不及她眼前這位年輕的王子。森林女王對這樁美滿婚姻感到滿意,不遺余力地操辦了一場盛大的婚禮,慶典持續了好幾年,這對心心相印的夫妻一直幸福地生活了下去。

作者簡介:瑪麗·凱瑟琳娜·德奧努瓦(Marie-Catherine dAulnoy)(1652—1705),法國女文學家,1652年出生于法蘭西王國諾曼底巴納維爾,出生名為瑪麗·凱瑟琳·勒朱梅爾·德·巴納維爾Marie-Catherine Le Jumel de Barneville,她善于通過寓言和諷刺的方式表達顛覆精神,她的創造性文學作品經常被拿來與拉封丹的作品相提并論,后者主要對17世紀宮廷和法國社會進行批評。

譯者簡介:楊宇,中南財經政法大學外國語學院國別區域研究專業(法語方向)研究生。

指導教師:夏正華,中南財經政法大學外國語學院法語專業教研室副主任,講師,碩導。

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